On considère qu’une langue est en danger quand ses locuteurs cessent de la pratiquer ou disparaissent sans l’inculquer à leurs descendants. C’est ce qui se passe au sein de nombreuses communautés africaines. L’hécatombe a débuté avec la colonisation. Puis l’exode rural et la destruction des écosystèmes ont fait le reste. Certains pays ont décidé de ne pas baisser les bras.
A elle seule, la République démocratique du Congo compte pas moins de 450 langues locales, la plupart non écrites, réparties sur l’ensemble de ce vaste territoire de 2,3 millions de km². Mais si ce pays est réputé être devenu le plus grand pays francophone du monde, il figure parmi les pays africains où les langues maternelles s’éteignent doucement mais sûrement.
«Je ne crois pas que la langue maternelle puisse encore exister dans 10 ou 15 ans. Ça va disparaître, je crois. Parce que nous, les parents, nous ne parlons pas la langue tshiluba. Comment peut-on apprendre ça aux enfants? C’est difficile», regrette une congolaise, interrogée par l’AFP dans la région du Kasaï où réside sa famille.
Daniel Mukebayi est un fonctionnaire congolais à la retraite, père de dix enfants qu’il a éduqués, avec son épouse, dans la même région du Kasaï. Tous parlaient parfaitement le tshiluba. Jusqu’au jour où son fils aîné s’est marié et fondé sa propre famille.
«Il ne parle plus sa langue maternelle et ses enfants ne parlent plus que le français et le Lingala», déplore-t-il. Le Lingala est l’une des quatre langues dites nationales qui tentent, tant bien que mal, de survivre à l’hécatombe. Elle est surtout parlée à Kinshasa et dans le Nord-Ouest.
Le français ou l’anglais «par snobisme»
Dans les milieux huppés de Kinshasa comme dans d’autres grandes villes africaines, de nombreuses familles, par snobisme, n’apprennent à leurs enfants que le français ou l’anglais.
«Aujourd’hui, nos enfants n’apprennent pas le tshiluba à l’école, ils n’apprennent pas le lingala, le kimbala…. On nous dit que ça empêche le développement. C’est sciemment fait par ceux qui nous ont colonisés, s’insurge le professeur congolais Kambayi qui enseigne l’histoire à l’université pédagogique nationale.
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